Re: une histoire qui fait ''peur'' PV Adé

[Adélaïde]

Adélaïde souleva un sourcil. Du moins elle essaya. Donc elle leva les deux. Puis elle se marra. Elle ramassa la tête du Captain et la colla tout contre sa poitrine avantageuse. Elle commença à marcher vers l’intérieur du navire. Oui, sans le corps de son semi-patron. Qui se mit à la poursuivre, en se prenant les bouts et les corps des humains morts. Le prenant en pitié, Adélaïde prit la main du corps sans tête pour le mener jusqu’à la salle dans la cale qui contenait le trésor. Donc d’une main elle tenait la tête contre ses seins, de l’autre elle tenait la main du mort-vivant. Situation assez cocasse trouvait-elle.

Elle mena donc tête et corps dans les escaliers étroits. Elle eut le… plaisir de voir le corps se casser la gueule et la tête hurler au scandale. Retrouvant le corps au pied de l’escalier, elle l’aida à se relever, mais garda, toujours, la tête contre elle. Oh, bien sûr, les yeux du Captain regardaient vers l’extérieur, pas vers Adélaïde, de fait, il pu avoir la primauté, avec la succube, de savoir ce qui se cachait dans la salle. Et il furent tous deux totalement abasourdi. Vraiment, ils ne s’attendaient pas à ça.

Personne n’avait ouvert avant eux, Adélaïde se doutait que les pirates respectaient assez leur capitaine pour lui laisser l’honneur de regarder avant. Alors rien n’avait pu être touché.

— Capitaine, je sais que vous ne pouvez pas être sûr de ce que contiennent les navires que vous abordez, mais là… c’est se foutre de la gueule du monde…

Elle n’avait jamais eut à aborder un navire et tuer tout son équipage, mais elle se doutait que parfois une aussi mauvaise prise  ça arrivait. Quoique mauvaise était une appréciation qu’elle donnait en toute subjectivité. Il semblait qu’elle ne fusse pas la seule à être étonnée de ce qu’on ne trouve pas ce qu’on y attendait, dans cette cale.

À quoi bon avoir un gros balourd qui gardait la porte? À quoi bon avoir mit  tant d’homme sur ce navire si ce n’était que pour protéger juste ça? Nan mais… Nan. C’était n’importe quoi, vraiment… qu’est-ce qu’ils avaient fait pour mériter ça? C’était à cause d’elle, n’est-ce pas? C’était sa faute? Elle s’était cru assez bonne pour être une pirate, mais les dieux en décidaient autrement, c’était ça?

Adélaïde remit sa tête à Morgan, dans le bon sens tant qu’à faire, pour le laisser admirer leur prise de la bonne hauteur. Parce que après tout, ce qu’ils avaient devant eux… ce n’était pas très grand. Mais alors vraiment pas. Et qu’est-ce qu’ils pourraient bien en faire, franchement? Ça ne servait à rien. Adélaïde ne pourrait pas l’utiliser, ni Morgan ou son équipage, pour quoique ce soit.

— Je sais que vous êtes maudit, mais c’est le pompom, non? Là, c’est plus de la malédiction c’est… un karma de merde.

Bah, ouais quoi. Depuis quand on avait un gosse comme trésor dans un bateau? Un Gosse !

[Captain Morgan]

Voilà, le silence, enfin, plus de jurons ou de bruits de canons ni même de râle de mourants. Les morts-vivants s’étaient rendus maître du navire en un temps record malgré le petit désagrément constituant le gros balourd protégeant la cale. Mais cela ne voulait pas dire pour autant que tout était finit : après l’effort, le réconfort comme le dit si bien le proverbe ! Bon, il ne voulait pas dire par là qu’il allait sauter sur Adélaïde pour lui faire son affaire mais… C’était tentant. Surtout que cette pécheresse de succube s’amusait bien de la devienne du capitaine décapité en tenant sa tête entre les mains. Par ses tentacules, il aimerait bien au moins pouvoir se retourner mais sans bras ni jambes pour l’aider c’était plutôt compliqué. Pestant aussi bien intérieurement qu’extérieurement, le chef de cette bande de fripouilles râla quand son corps plutôt maladroit se cogna encore contre quelque chose sous les rires de l’équipage qui ne se décidait pas non plus à aider leur camarade.

Remuant du mieux qu’il pouvait en s’aidant de sa mâchoire pour pivoter un peu, Morgan tourna son regard de biais vers Grant qui s'esclaffait comme un ogre et marmonna :

-Toi mon gros tu vas être de corvée latrine pendant des mois je te le jure… Et où est donc ce fichu Jack quand j’ai besoin de lui ?

En effet, le rongeur s’était volatilisé de son perchoir habituel c'est-à-dire soit dans la manche ou sur l’épaule du capitaine pour aller on ne sait où dans tout ce fichu navire. Vu que les pirates ne laissaient que rarement u nnavire moins bon que le leur en état de flotter, mieux ne valait pas pour Jack de rester trop longtemps isolé, de peur qu’on le coule avec la carcasse du bateau. Mais Morgan oublia son acolyte de toujours un court instant quand il entendit un nouveau ‘’sponk’’ quand son corps heurta un truc. Particulièrement excédé, il essaya de mordre la main d’Adélaïde sans y parvenir. Changeant vite de tactique, le flibustier décapité marmonna entre ses dents :

-Non mais toi après je vais te faire ramper sur du verre piller avec une laisse autour du coup tu vas voir… Enfin non, risquerais d’aimer ça la succube.

Heureusement, elle ne semblait pas l’avoir entendu car elle finit par remettre sa tête en place non sans un commentaire sur la situation actuelle. Quel était le problème ? Il n’y avait ni or ni joyaux à voler ? Y avait du rhum au moins ? Bon allez, on se contentera bien de bière ce n’est pas grave… Quoi même pas ça ? Allez y a moins du cidre, du ciiiidre quoi ? Non… Juste un gosse ? Tout aussi estomaqué que le belle blonde à ses cotés, le capitaine du Norvégien Volant entendit des pas légers, sans doute ceux de Leslïa retentir dans son dos, regardant l’enfant avec la même surprise que ses deux collègues, elle reprit pourtant la parole la première :

-Elle est si mimiiii, on peut la garder chef ? On peut ? On peut ?

Vigriss, ayant lui aussi descendu les marches, regarda vite fait le contenu de la cale de son œil unique. Poussant un soupir désagréable, le capitaine en second regarda l’enfant avec dédain et glissa en commentaire :

-C’est pas un jouet Leslïa et surtout il faudrait savoir qui c’est… Il ne manquerait plus que ce soit une petite nobliotte dont le père serait assez influent pour jeter des troupes à nos trousses. Cela dit, on peut aussi se servir d’elle pour une rançon…

Cela provoqua une grimace de dégout de la part de Morgan qui signala son désaccord par un grognement bref. Se tournant vers Adélaïde, le capitaine dit d’une voix plus douce qu’à la normale :

-Il faut savoir qui elle est, je peux te demander de t’en charger ? Tu as l’air plus… Aimable… Que nous autres fripouilles des mers. Une fois que tu sais qui elle est, viens me le dire et on changera de cap.

Hochant doucement la tête, le flibustier intima à ses autres sbires de monter les marches à sa suite, laissant seul la succube avec l’enfant.

[Adélaïde]

Suivant les ordres du capitaine, enfin plutôt la demande, elle se décida à aller à la rencontre de la petite fille. Mais pas avant d’avoir changer de tenue. Elle passa sous forme humaine, sans ailes, sans yeux jaunes, avec une robe bleue et blanche lui couvrant le corps comme l’exigeait la bienséance, et ses cheveux relevés en un élégant chignon toujours emplis de fleurs. Elle n’avait évidemment pas changé d’apparence sous les yeux de la petite, c’eût été l’effrayer plus qu’elle ne devait l’être en ce moment.
La petite fille était au fond de son lit, calée contre la tête du lit, emmitouflée dans les couvertures, tremblante. Adélaïde s’approcha doucement, lui souriant aimablement comme rarement elle le faisait, sans arrières pensées.

— Puis-je m’asseoir à côté de toi?

La petite fille trembla encore plus, aussi la succube prit ça pour un non. Elle vit la chaise du petit bureau, la pris et la plaça près du lit avant de s’asseoir dessus.

— Je ne te veux pas de mal, ma petite. Tu n’as pas à avoir peur.
— Vous êtes une pirate !

Les premiers mots de la fillette étaient emplis de colère. Et Adélaïde ne pouvait pas la contredire.

— Moi, je ne suis pas une pirate. Mais oui, ce vaisseau a été harangué par des pirates. Et nous avons besoin de savoir qui tu es, où allait ce vaisseau pour te ramener à bon port. Comment t’appelles-tu?
— Mon Papa m’a dit de ne pas parler aux étrangers !

La succube sourit doucement. Au moins son père lui avait donné de bons conseils. Malgré l’insolence dont faisait montre la fillette à son égard, et elle était dans son plein droit, Adélaïde ne s’en offusqua pas.

— Je m’appelle Adélaïde. Je suis une créature magique. C’est comme cela que j’ai pu changer de vêtements aussi vite. Maintenant que tu connais mon nom, est-ce que je peux encore être considérée comme une étrangère.

La question, de pure rhétorique en vérité, fit vaciller la volonté de la jeune fille. En même temps, Adélaïde découvrait une partie de ses capacités de succube sous une forme qu’elle n’avait jamais tenté. Elle utilisait ses phéromones, non pas pour donner du plaisir ou le restreindre, mais pour adoucir la vindicte de la petite fille.

— Vous … êtes une métamorphe? Vous pouvez vous changer en animal?
— Non, ma puce. Je peux seulement modifier mon apparence. Tu me connais un peu mieux. Mais moi je ne te connais pas. Comment t’appelles-tu?

Elle savait que ça allait être un travail d’assez longue haleine. Elle n’avait jamais fait ça, mais le capitaine avait raison, elle était celle qui pouvait mieux le faire.

— Je suis Elizabetha Francesca Regina Termidano.

La petite fille avait légèrement fait descendre ses couvertures, signe qu’elle prenait un peu confiance.

— Et bien, Lizzie, je peux t’appeller Lizzie?

La petite fille acquiesça doucement.

— C’est comme ça que ma maman m’appelle tout le temps.
— Bien. Est-ce que tu connais le nom de la ville ou de la région dont tu viens? Et pourquoi tu es dans ce bateau?
— C’est mon papa qui m’a mise dans le bateau. Il a dit que je devais aller rejoindre ma grand-mère qui a un domaine vers les montagnes. On y va toujours en bateau comme ça. Normalement ça dure quatre jours. Et là ça fait trois jours qu’on est dans le bateau. Vous allez me ramener chez moi?
— Après le bateau, est-ce que vous prenez des chevaux, une calèche, tu te souviens?
— Mh… oui, on en prend, mais ma mamie est toujours à l’intérieur de la calèche qu’on prend.

Adélaïde soupira. Elle avait bien compris tout à l’heure que le capitaine n’était pas vraiment chaud pour une rançon. C’était dommage, ça aurait pu leur faire oublier qu’ils n’avaient rien trouver sur ce rafiot. Malgré tout, elle avait les quelques informations qu’elle désirait. Elle se doutait que la petite fille ne sache pas comment s’appelait le port où elle devait accoster, mais elle espérait que le capitaine avait de bonnes cartes pour les diriger.

Alors elle remonta sur le pont supérieur, la petite fille juste derrière elle. Adélaïde redoutait que si la petite fille ne restait pas dans son sillage elle redeviendrait vindicative car plus sous l’influence  des phéromones de la succube. Elle trouva le capitaine, en grande “discussion” avec certains de ses hommes. Puis il la vit et approcha d’elle. Adélaïde lui répéta ce qu’elle savait sur la petite fille. À lui de décider si on faisait un petit détour pour jeter la petite fille dans le port.

[Captain Morgan]

Une gamine… Bon sang comment aurait-il pu se douter de cela un seul instant ? On nageait presque dans le cauchemar là ! Il ne manquerait plus qu’un chat infernal bien connu du capitaine pour compléter la définition même de l’horreur pour le flibustier. Il ne détestait pas foncièrement les gosses mais par contre quelque chose lui disait que cette gosse de riche avait toutes les ‘’qualités’’ qui feraient dresser les cheveux sur la tête du mort-vivant… Et lui donnerait accessoirement l’envie d’arracher la langue de l’enfant avant de la balancer par-dessus bord. Se souvenant avec amertume de la dernière fois qu’il avait dû faire office d’escorte pour un enfant, le flibustier claque sa langue contre son palais, signe manifeste d’impatience et de dépréciation. Le jeune garçon, le rejeton d’un noble marchand qu’il avait côtoyé de son vivant, avait tout de suite déplut au capitaine. Ne serait-ce que par sa façon de regarder le second (car il n’était que second à l’époque de son vivant, avant sa malédiction qui avait coïncidé avec sa montée en grade) comme un chien galeux… Bon sang, sans le regard courroucé de l’ancien capitaine de Morgan à présent en train de reposer au fond des mers… Le jeune homme aurait ligoté ce pourceau de gosse à un baril et l’aurait envoyé derrière le navire. Voir son corps grassouillet piqué par les mouettes et dévoré petit bout par petit bout par un requin particulièrement patient aurait été plus que drôle mais très mauvais au niveau financier.

Soupirant en se disant qu’au moins la paye était bonne (bon, lui n’allait pas en voir un sou, le capitaine du moment contrôlant tout lui-même), le flibustier avait réussit à serrer les dents et à supporter les commentaires plus qu’horripilants du gosse qui se plaisait à tout commenter de manière sarcastique (sérieusement il ne lui manquait plus que la grosse friandise colorée et la culote courte et on aurait l’archétype parfait du petit gros énervant !) Pour exulter quand il le balança enfin à bon port. Quoi qu’il en soit, Morgan chassa cette pensée de son esprit et pria brièvement pour que la gamine ne soit pas la même ou qu’Adélaïde puisse trouver un moyen de museler la mini-princesse à fond de cale. Rassemblant ses officiers, il se racla la gorge et prit la parole avec son ton de ‘’gentilhomme qui cache en fait une face sacrément agacé par les événements’’ (oui oui, son répertoire d’expression était varié) :

-Bon messieurs, je sais qu’on n’a pas eut grand-chose sur ce coup ci mais je vais vous demander encore un peu de votre patience : la cargaison ne semble pas vraiment être celle prévue à l’origine. A part la gamine au fond de la cale, il n’y a rien de valeur sur tout ce foutu rafiot !

Morgan fut interrompu par un trio de marins qui firent tomber un gros baril plein de rhum probablement destiné à l’équipage. Heureusement pour eux, il ne se brisa pas et fut remit sur le droit chemin en un rien de temps. Se raclant à nouveau la gorge, le capitaine du Norvégien Volant reprit sur un ton un peu plus léger :

-Enfin presque rien : le rhum c’est bien mais il n’y en a pas des tonnes sur ce fichu navire ! Bref ! On doit à présent se décider sur le sort de la gamine… J’attends vos avis messieurs mais sachez que je préférerais la déposer vite fait dans le port le plus proche avec une lettre et nous tirer de là !

Cela ne sonnait donc pas comme un ordre mais influencerait certainement la volonté de certains membres de l’équipage. Grant se rangea de l’avis du capitaine et cela surprit ce dernier. Le colosse s’expliqua par le fait qu’il ne voulait pas voir de gosses à bord du navire et que donc la déposer dans un port était une bonne option. Leslia forcément décida de venir du côté du capitaine, ne laissant que Vigriss pour formuler une opposition. Ce dernier dit qu’utiliser l’enfant comme moyen de pression serait une meilleure idée mais le forban lui répondit du tac au tac que ce serait surtout attirer une attention très mal venue sur eux et indirectement sur le donjon. Cela convainquit Vigriss de ne pas se servir de la fillette qui arriva à cet instant précis. Ecoutant avec attention Adélaïde lui parler de l’histoire de cette ‘’Elizabeth’’ (tiens, c’était justement le prénom d’une passagère d’infortune de ce navire qui avait eut de sacrés frayeurs lors de son séjour mouahahahah !) Quoi qu’il en soit, le hors-la-loi s’exclama bien vite :

-Je crois connaître l’emplacement le plus probable du port : avec l’endroit où on a abordé le navire et le cap de ce dernier, il n’y a qu’un seul choix possible donc en avant !

Fouettant l’ardeur de ses hommes avec l’aide de Grant qui semblait fort pressé d’arriver à destination lui aussi, Morgan sourit… Enfin une histoire qui allait bien finir, même sans butin. Il ne restait plus qu’à jeter l’ancre sur la côté assez loin du port, de finir le trajet à pied et de voir où ça menait.

[Adélaïde]

[HRP : Autant terminer ça]

La traversée lui sembla longue, mais ils finirent par atteindre la côte. Adélaïde se fit fort d’escorter la petite fille à partir du moment où ils appareillèrent. Ils louèrent des chevaux dans une ferme pas loin. Le prix? Cela n’intéressait qu’Adélaïde. Puis elle ne se départie pas de l’air noble qu’elle s’était donné. Elle voulait donner le change avec les gens de ce port où ils emmenaient la petite. Et comme le Captain pouvait passer pour un homme d’arme et avait quelques manière, il fut le seul à l’accompagner.

Arriver sur le port, la petite fille reconnu facilement l’emblème de la famille de sa grand-mère. Elle courut vers la calèche qui attendait. La vieille femme qui devait être sa grand-mère l’accueillit à bras ouvert. Elle s’était évidemment inquiétée de ne pas avoir vu appareiller le navire où sa petite-fille se trouvait.

Adélaïde et Morgan ne s’approchèrent pas de la calèche. Si le Captain ne voulait pas de rançon, ça ne servait à rien de se montrer trop. La petite se souviendrait d’eux, certainement. Que dirait-elle, c’était un mystère que ni la succube ni le maudit ne voulait savoir. Alors ils s’en retournèrent bien prestement vers le navire du Captain.

La fin de la croisière touchait à sa fin, la succube le savait. Elle en garderait un bon souvenir. C’était amusant de se faire passer pour une pirate. Mais elle n’avait pas complètement le pied marin. Elle préférait largement passer sa vie dans un lit douillet à accueillir les mâles qui se présentaient à elle, plutôt que d’arraisonner les navires. Son activité à elle était plus couramment lucrative…

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