Tomber sur un os.

[Cassandre]

Le bruit léger des pas du squelette résonnaient dans le couloir. 
Une main glissée derrière son dos, la dame d'os avançait d'une démarche lente, cependant drastique et avisait avec une attention toute particulière le livre qu'elle tenait de son autre main osseuse. Sa tresse argentée se balançait lentement de gauche à droite, au grès de ses pas. Le livre était d'un cuir noir, vieilli et craquelé par le temps et portait sur sa couverture, un titre gravé. " Le Necronomicon. "


Ce chemin, elle l'empruntait tous les jours. Peut-être car ,ce dernier était celui qui lui permettait de se déplacer rapidement de ses appartements à la Bibliothèque... ou sans doute car , elle aimait l'idée que personne ne puisse la déranger lors de lecture, le couloir étant rarement fréquenté, évitant que quelqu'un ait l'idée stupide d'engager une conversation alors qu'elle tenait un bouquin entre ses mains. Elle n'avait pas le temps. Elle avait tant à lire, tant à apprendre, la bibliothèque du donjon était grande et vide de monde... et le temps, ce n'est pas ce qu'il manque, quand on est mort. La jeune femme avait remarqué que les monstres n'étaient pas, pour la plupart, introverties... d'où le choix de ce couloir, encore une fois. Les pièges à l'intérieur ne marchaient pas, ou étaient inexistants, il n'y avait donc rien à craindre, n'est-ce pas ? Et puis, à son sens, le couloir n'était pas foncièrement emprunté par les aventuriers. Elle en a croisé, quelques-uns et pour échapper au combat, se contentait de faire le cadavre dans un coin...

C'est alors qu'elle sentie quelque chose, son pied ayant heurté un obstacle inhabituel et ce, suivi d'un léger cliquetis et du bruit sourd et rocailleux de la pierre s'effondrant sous ses pieds. Elle aurait ri, si elle avait eu le temps, et si son cri de surprise n'avait pas déchiré le couloir sombre ainsi que ses ténèbres.


Elle le connaît ce cliquetis, elle le connaît, ce bruit, et elle connaissait aussi la fin sèche de celui-ci, coupé par le son sec et sourd du corps qui passe à l'état de cadavre. Elle n'eut pas le temps de penser plus que ça, car elle finit, bien évidemment, par toucher le sol, jonché de pieux. 


Elle explosa en plusieurs morceaux au sol, éparpillant ses membres un peu partout, transformant Cassandre en un puzzle grandeur nature. Après toute une journée , immobile, elle finit par pousser un long soupir, et entama alors la tâche longue et fatigante de rassembler ses os, à la force de sa volonté et de la magie du Nécroman, qui fait encore effet à ce jour. Elle enfila sa robe, reprit son livre puis leva ses yeux en direction de son point de chute, pour évaluer la distance qui la séparait du couloir. Elle se doutait du bilan : impossible de remonter.Mais bon, il fallait toujours vérifier, par acquis de conscience, du moins. C'est une chose que la mort ne lui aura pas enlever.


Quel cliché, de tomber dans cette fausse...


Elle s'installa ensuite au coin de la pièce ... et attendit. De toute façon, c'est tout ce qu'elle pouvait faire, dans cet état. Quelqu'un devait passer. Quelqu'un allait forcément passer, l'activation d'un tel piège ne devait pas passer inaperçu !


... Non ?

[Ickaboth]

"HOOOoaaaa.."
Un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, un moyen comme un autre de débuter sa journée de travail. Le golem, encore loin d'être réveillé complétement, se gratta une joue par réflexe. Enfin c'est ce qu'il aurait fait si sa joue s'était déjà refermée et que donc ses doigts n'avaient pas rencontré ses dents. Il regarda un instant sa main, le regard trahissant un vide total. Un haussement d'épaules agrémenté d'un "Bof." plus tard, il entrait dans une petite réserve dissimulée dans un mur du couloir.

La petite pièce était remplit de caisses et de tonneaux en tout genre. Pièces détachées, huile pour les projecteurs, carreaux pour les arbalètes,.. Tout ce qu'il faut pour faire du bon boulot en somme ! Des réserves comme cela il y en avait un peu partout dans le donjon. Des points de maintenance pour l'entretien des mécanismes de la zone. Certes les gardes faisaient leur boulot à empêcher des intrus de rentrer mais n'allez pas croire que vous ne trouverez des pièges qu'au rez-de-chaussée et au premier étage du donjon. Mieux vaut prévenir que guérir et tout avait semble-t-il était étudier il y a longtemps pour "diminuer" les forces d'invasion si elles venaient à passer outre ces endroits.

Ickaboth craqua ses doigts. Il avait passé du temps à ranger le foutoir qui régnait en maître dans tout ces petits locaux. Visiblement avant son arrivée l'entretien était maintenu au minimum syndical. Ça allait changer maintenant. Cette simple idée dessina un rapide sourire sur le visage du technicien.

Tout avait un ordre bien précis. Il passa rapidement devant les tonneaux, vérifiant juste que personne ne s'était servit dedans en trouvant l'entrée par hasard. Rien à signaler.
Il attrapa un sac posé sur la table du fond. Avant de faire le plein, on regarde le niveau des réservoirs.. et on retire les cadavres aussi. Oui poser des pièges n'est pas un métier très propre, mais bien une main dans l'huile et l'autre dans le sang. Son petit nécessaire de nettoyage sur l'épaule, il attrapa une poignée de clous au passage qu'il engloutit et sortit de l'endroit avant d'en refermer l'entrée avec soin.

Tranquillement, d'un pas guilleret même, le golem commença son petit tour en se demandant s'il avait pris quelque chose aujourd'hui. Son attention fut retenu par un trou béant au milieu d'un couloir. Ce piège était encore en sommeil quelques jours auparavant et avait constitué en le passe-temps travail d'une après-midi. Ouverture de la fosse, nettoyage des ossements, réparation des pieux et du mécanisme et enfin mise en place du fils de détente. Pas grand chose de bien compliqué certes, mais la simplicité paye vraisemblablement !

Il pressa le pas, curieux de voir la tête ensanglantée de l'idiot probablement décédé. Et puis qui sait ? Peut-être aura t-il des choses intéressantes en poches !
Il se posta au bord de la fosse et, passé la déception, en regarda le contenu d'un œil interrogateur. Rien si ce n'est un vieux squelette dans un coin. Il était pourtant certain d'avoir fait le ménage à fond il y a quelques jours..
"Bah, pas grave, ça fera une jolie décoration pour le prochain qui tombera dedans. Même s'il ne le voit que l'espace d'une seconde avant de mourir , il comprendra la dure réalité de la vie."
Sur ces mots, il tourna le dos à la fosse en riant légèrement. Il fallait désormais retendre le piège, peut-être aussi rehausser le niveau du fils de détente. Il ne faudrait pas qu'un rat le déclenche encore.

[Cassandre]

Les genoux repliés contre elle, le livre à la main et son autre main posée sur son tibia, Cassandre se contentait de lire ce qu'elle avait. De toute façon, elle n'avait rien de mieux à faire, si ce n'est gratter légèrement les parois de la fausse, compter les pieux, ou même jouer avec ses propres os. Néanmoins, elle ne se plaignait pas, ne geignait pas, elle gardait le silence. On aurait même pu dire que régnait un silence de mort dans ce lieu, oh oh oh. 


Une heure, deux heures, six heures... un jour... deux, trois.. peut-être quatre ? elle n'avait pas vraiment fait attention, elle partait du principe qu'elle sortirai quand elle sortira, quand le temps sera venu, et qu'il fallait sans doute laisser faire la fortune.De plus, cette sombre thébaïde était propice à quelques pensées philosophique.


Laissant tomber son livre au sol, elle abandonna son crâne contre la pierre froide, qu'elle ne pouvait sentir réellement. Les paupières imaginaires qui ornaient encore le dessus de ses yeux se fermèrent.  


Elle posa ses main sur ses épaules, espérant encore discerner la chaleur de celle-ci.


Perclus ainsi dans ses pensées, elle s'imaginait simplement la sensation qu'aurait été que son cadavre soit simplement dans une boite, au fond d'une fausse de terre. Les seuls mots lui venant à l'esprit étaient...


"Ennuyeux. Accablant. Pénible. Lassant."


"Bah, pas grave, ça fera une jolie décoration pour le prochain qui tombera dedans. Même s'il ne le voit que l'espace d'une seconde avant de mourir , il comprendra la dure réalité de la vie."


Elle releva le chef, et répondit d'une voix morte, empreinte cependant d'une légère malice, engageant la conversation comme si elle l'engageait dans la rue, parfaitement normalement. 

 "Bien que l'idée de servir de décoration soit charmante, je doute que rester au fond de cette fausse soit des plus divertissant. De plus, quand on tombe et qu'on voit le sol s'approcher dangereusement pour une rencontre violente avec sa tête, on ne pense pas vraiment à regarder le joli squelette au coin de la fausse... il suffit de voir les pieux et constater qu'on tombe pour se rendre compte de la dure réalité de la vie. "  

[Ickaboth]

Le technicien s’arrêta net. Il se retourna mais ne vit nulle personne dans le couloir de l'autre coté de la fosse. Aussi se pencha-t-il au-dessus de cette dernière, circonspect. Tiens, l'ornement de coin a bougé. Et non seulement il a bougé mais en plus il regarde désormais dans sa direction.

"Allons bon, voici que les accessoires se mettent à faire la causette maintenant."

Un soupire plus tard, Ickaboth posa son sac au sol, en sortit une corde et la jeta au pied du mur voisin. Un genoux à terre, il se servit de ses deux mains pour desceller une des pierres de la paroi. Cela n'était en aucun cas un choix due au hasard, celle-ci révélant un anneau de fer fixé solidement. En l'espace d'un instant, il se saisit de la corde et l'attacha à l'anneau.

Ceci fait il revint au bord du gouffre, la corde en main et regarda de haut son occupant.

"L'esprit et les sens sont exacerbés en cas de danger imminent et de grande frayeur. Une seconde parait alors facilement plus d'une minute. Mais pour savoir cela il faut avoir un peu d'expérience et de vécu j'imagine." dit-il avec un sourire en coin.

[Cassandre]

Après avoir parlé, elle attendit un instant... ayant une légère appréhension, car il suffisait qu'on ne l'ai pas entendu ou qu'on l'ignore pour qu'elle reste ici.

"Allons bon, voici que les accessoires se mettent à faire la causette maintenant."

Elle poussa donc un soupir de soulagement incoercible quand les mots du technicien se firent entendre dans sa cage de pierres et de pieux.

Elle entendit l'agitation, à l'étage, et donc se redressa lentement, ramassant son bouquin au passage, puis épousseta sa robe en tapotant sur cette dernière... provoquant un nuage de poussière conséquent.

"L'esprit et les sens sont exacerbés en cas de danger imminent et de grande frayeur. Une seconde parait alors facilement plus d'une minute. Mais pour savoir cela il faut avoir un peu d'expérience et de vécu j'imagine."

Elle haussa légèrement la commissure d'une partie de ses lèvres craquelées dans un léger sourire, en réponse à celui du Golem, une partie de "son visage" ayant perdu la poudre d'os, découvrant une partie de l'intérieur de son crâne.

"Etant morte d'une belle mort  ignée, puis étant tombé dans la fausse en question, ma foi, je pense que j'ai acquis une certaine expérience dans ce domaine, mais me flagorner n'est pas mon intention"

Elle suivit du regard la corde se déroulant à ses côtés, puis la saisit.

"J'imagine que l'expérience de la mort doit être réciproque ? "

Elle abandonna le livre à ses pieds, pour se hisser, et ce, au prix d'un lourd ahan, jusqu'au bord de la fausse.

[Ickaboth]

"Allez savoir.."

Regardant l'épouvantail en robe se démener pour gravir la corde, Ickaboth restait simplement à coté de celle-ci avec un air amusé rivé au visage.

"Désolé de ne pas vous prêter la main, maaiiiisss.. je crois bien que cela se faisant la votre ne se sépare du reste. Aussi je doute que vous ne soyez tentée par une nouvelle chute."

Juste avant que la donzelle squelettique n'atteigne son niveau, le technicien fit un pas de coté afin de lui laisser la place. Il reporta son attention sur le fond de la fosse et se pencha légèrement au-dessus. Mieux valait s'assurer que la dame était bien montée entière. Il aurait été ennuyeux de devoir descendre pour allait ramasser les pièces détachées. Ce faisant, il aperçu le livre qu'elle venait d'abandonner.

"Vous êtes sure de vouloir le laisser sur place ? Car, je cite :"
Il prit alors une voix monocorde et se mit à réciter sans conviction un petit paragraphe paraissant avoir été appris par cœur.
"Le technicien se voit accorder toute propriété sur les biens résultant de l'utilisation d'un piège trouvés dans l'exercice de ses fonctions. Aucune réclamation ou exception ne sera permise."

Une règle pareille existait-elle vraiment ? Ou bien le golem l'avait-il inventé ? Après tout, il faut bien faire quelque chose des affaires qu'il retrouve n'est-ce pas ? Alors dans une décharge ou dans sa poche, qu'elle différence ?

Tout en prononçant ses mots il alla poser un genoux au sol près de l'anneau de fer. Visiblement, il n'allait pas attendre quatre ans une réponse pour ranger sa corde.

[Cassandre]

"Désolé de ne pas vous prêter la main, maaiiiisss.. je crois bien que cela se faisant la votre ne se sépare du reste. Aussi je doute que vous ne soyez tentée par une nouvelle chute."

Elle ne répondit pas, concentrée à se hisser le long de la corde, ses dents si serrées qu'on pouvait les entendre... et les voir grincer.  


Enfin arrivée à destination, elle poussa un léger soupir, et reprit son souffle, un instant, les coudes plantées dans le sol. Si elle avait pu, elle aurait sans doute transpiré... voilà une chose que l'état de squelette épargne, d'ailleurs : les odeurs corporelles, et ce n'est sans doute pas dommage après trois jours passés dans la fosse.


Après avoir recouvré sa respiration, elle se redressa debout, et épousseta une nouvelle fois sa robe, lissa les pans de celle-ci, puis reprit une posture droite.

"Vous êtes sure de vouloir le laisser sur place ? Car, je cite :
Le technicien se voit accorder toute propriété sur les biens résultant de l'utilisation d'un piège trouvés dans l'exercice de ses fonctions. Aucune réclamation ou exception ne sera permise. "


Elle suivit ses gestes du regard, les mains jointes devant elle, et en détacha une de l'autre pour mouliner l'air de la main.

"Je n'avais pas envie de m'encombrer d'un livre lors de mon retour à la surface. Ça aurait été un effort inutile, de plus, je venais d'achever ma lecture. "

Elle marqua un temps d'arrêt, puis continua. 

"Je suis navrée, si j'ai causé une fausse joie ou quelconque dérangement. Vous avez fait du bon travail, avec ce piège. Si ça peut vous rassurer, rien n'est passé dans ce couloir, à mon sens. Enfin, mes sens valent ce qu'ils valent, sachant que si vous n'aviez pas pensé tout haut, je ne vous aurais sans doute pas remarqué... je n'ai d'ailleurs remarqué le piège qu'une fois en bas, et c'est seulement là que j'ai réalisé que je l'avais dans l'os."


Elle se fendit d'un léger rire à cette boutade bien faible, et porta une de ses mains osseuse à ses lèvres inexistantes, pour cacher un sourire imaginaire, sans doute, ayant gardé ce réflexe de vivant.

[Ickaboth]

Une fois la corde rangée dans le sac et la pierre replacée devant l'anneau, le technicien se releva.
"Hum,... Au moins cette histoire ne vous a pas enlevé le sourire. Enfin je crois.." dit-il en plissant les yeux.

Ne sachant finalement pas si la main osseuse tentait de cacher un "sourire" ou une dent manquante, il retourna à son office. Il s'approcha du coin droit de la fosse, s'accroupit et passa sa main le long du mur. Il tâtonna quelques instants et trouva enfin ce qu'il cherchait, un petit levier dissimulé. Il l'actionna et se dépêcha de retirer sa main de la fosse. Le "faux plancher" couvrant normalement le gouffre sortit alors doucement des murs pour retrouver sa place originelle. On entendait les mécanismes bouger dans les murs sous l'action des contre-poids.

"C'est dommage ce que vous me dites, personne ne passant par ici. Un piège n'existe que pour prendre une proie. Sans cela ce n'est qu'une prise de tête inutile."

Une fois les deux plateaux formant le faux plancher stabilisés, le golem n’eut aucune hésitation à marcher dessus, cela malgré son poids. Il suivit le mur de droite, se plaça au milieu de la zone dite "creuse" et se baissa à nouveau. Il tira alors un long et fin fils du mur, à peu près à une dizaine de centimètres au dessus d'une cheville humaine. Il tira ce fils jusqu'au mur d'en face et l'accrocha à un petit crochet scellé dans celui-ci. Enfin, il retourna à la source du fils et y actionna un petit interrupteur.

"Fin près pour la prochaine proie." commenta t-il à haute voix en se relevant, sans doute pour lui-même d'ailleurs.

Il retourna au niveau de l'ex-accessoire et la regarda de bas en haut, interrogateur.
"Je n'y avais pas prêté attention jusqu'à maintenant mais.. Êtes-vous vraiment une femme ? Pardonnez la question mais en dehors d'une robe sur un porte-manteau, il n'y a pas grand chose à voir."
Ickaboth afficha alors un grand sourire qui aurait put être gêné s'il n'avait pas l'air autant amusé.

[Cassandre]

Elle inclina légèrement le chef sur le côté.


"Hum,... Au moins cette histoire ne vous a pas enlevé le sourire. Enfin je crois.."


"Disons que je ne vois pas pourquoi elle m'aurait enlevé le sourire. Ce sont des choses qui arrivent, et je préfère en rire qu'en pleurer... à moins que vous ne parliez du fait que je n'ai pas de sourire à proprement parler."


Elle se contentait de suivre ses geste du regard. Elle fit rouler ses épaules dans le léger cliquetis des os s'entre-choquants, maintenant audible à son interlocuteur. Elle tourna la tête vers le mur s'ébranlant, puis reporta son attention sur Ickaboth. 


"C'est dommage ce que vous me dites, personne ne passant par ici. Un piège n'existe que pour prendre une proie. Sans cela ce n'est qu'une prise de tête inutile."


"C'est pour ça que j'emprunte ce couloir, à vrai dire. Nous n'y croisons jamais personne, et ce n'est pas pour me déplaire. En dix ans dans ce donjon, le nombre d'aventuriers passant par ici peuvent se compter sur les doigts d'une main. " 


Elle s'affaira, pendant que le technicien remettait le piège en route, à arranger les plis de sa robe, et chasser le reste de poussière de sa robe, d'un geste sec. 


"Je n'y avais pas prêté attention jusqu'à maintenant mais.. Êtes-vous vraiment une femme ? Pardonnez la question mais en dehors d'une robe sur un porte-manteau, il n'y a pas grand chose à voir."




Elle haussa légèrement les épaules, puis posa sa main sur la base de sa nuque, et suivit sa clavicule à travers le tissu, pour arriver à l'épaule. Une fois ici, elle enfonça son pouce dans l'étoffe, en remontant sèchement la main, provoquant un craquement sourd.


"Je doute qu'un homme porte une coiffe et une robe de femme. "

[Ickaboth]

Comme toute réponse il n'y eu qu'un rire, un peu moqueur mais ne se voulant pas particulièrement méchant. Mais qui dura une bonne minute.
Une fois un peu remis de ses émotions, Ickaboth expira une main sur son ventre et un grand sourire sur le visage.
"Tant de naïveté, tant d'innocence,.. Je ne pensais pas cela possible."

"Vous n'avez pas beaucoup d'expérience concernant des villes je crois. On croise autant de bizarreries dans leurs rues que dans les couloirs de ce donjon. Bien entendu, tout dépend des rues je pense."

Le technicien ramassa son sac et s'approcha tranquillement de la dame d'os. Il s'approcha même particulièrement prêt. Certains diraient trop près. Il détallait son visage avec un regard inquisiteur, sa tête se penchant un peu sur le coté comme pour obtenir un autre angle de vue.

Sans s'en rendre compte, Le golem exposait son absence de joue et le peu de lumière de l'endroit se reflétait sur l'acier et la porcelaine de sa mâchoire.


"Excusez la question mais votre œil est-il de la même matière que votre "peau", si je puis dire ?"
Une question simple et exprimant un sentiment de pure curiosité, légèrement enfantine peut-être.

[Cassandre]

Elle avisa donc le golem rire, pendant sa minute, perplexe.

"Tant de naïveté, tant d'innocence,.. Je ne pensais pas cela possible.
Vous n'avez pas beaucoup d'expérience concernant des villes je crois. On croise autant de bizarreries dans leurs rues que dans les couloirs de ce donjon. Bien entendu, tout dépend des rues je pense."

"De fait. Je ne me suis jamais vraiment confrontée aux villes. Et je n'ai pas vraiment eu l'occasion, mh, et en dix ans dans ce donjon, je dois avouer ne pas vraiment le connaître, je passe la plupart de mon temps à la bibliothèque. "

Elle le laissa approcher, lisant dans son regard toute la curiosité dont il faisait preuve.Après tout, elle ne sentait rien, pas de sensation désagréable au niveau du toucher, et tout ce qui devrait la pousser à reculer seraient les conventions sociales.Mais dix ans passés dans un donjon changeait beaucoup de chose.

Elle était consciente de la curiosité qu'elle pouvait susciter, et laissant donc le golem la considérer sous tous les angles.

"Excusez la question mais votre œil est-il de la même matière que votre "peau", si je puis dire ?"

En réponse, elle émit à son tour un léger rire, le visage fixe, sa voix seulement se faisant entendre pour comprendre qu'elle s'amusait de la question. Ce à quoi elle répondit.

"Inutile de vous excuser pour des questions, je vous en prie !
Et non, il est fait en verre, c'est un accessoire que j'ai trouvé sur un squelette, qui lui, n'était pas en vie. 
Alors je suis partie du principe qu'il ne se décomposait pas, je l'ai donc récupéré. Par contre, c'est de la poudre d'os qui le maintien en place, derrière.J'ai de la chance que le tout ne se soit pas brisé. "

Son regard d'ailleurs se vit attiré par le reflet sur la joue du Golem. Elle même pencha un peu plus la tête sur le côté, et approcha ses doigts squelettiques du visage d'Ickaboth, sans le toucher. 

"Je ne suis pas la seule à ne pas avoir un visage de chair et de peau. Je me demandais bien de quelle race vous étiez, d'ailleurs. " 

[Ickaboth]

"Hum,.."

Il recula d'un pas.
Affichant un visage impassible, le golem stoppa tout mouvement durant un temps.. de réflexion sans doute. Ou bien alors avait-il bugué ?

Tout se passa très vite. Son premier mouvement vu d'étirer ses lèvres en un sourire carnassier. Le second fut précédé d'un bruit métallique. Sa main droite décrivit rapidement un arc de cercle dans l'espace le séparant de l'osselait. Sa paume fut transpercée de l'intérieur par la lame d'un couteau, celle-ci se plaça dans sa main dont les doigts se refermèrent. En ce seul geste la pointe de la lame atteignit son objectif : l'orbite gauche !

La lame passa sous l’œil pour faire levier et la main gauche d'Ickaboth vint se placer devant ce dernier pour le rattraper. Un petit coup sec sur la poignée et l’œil sortit de sa cache. Un second geste circulaire et le câble le retenant fut tranché. La main se referma victorieusement sur son précieux contenu.

La lame rentra lentement à reculons dans le trou qu'elle avait percée dans son hôte. Le golem respirait bruyamment suite à cet effort. Il garda les paupières closes un moment le temps de reprendre son souffle.

Enfin il expira longuement et son regard se porta sur le porte-robe face à lui. Il lui tendit doucement son poing gauche avant de l'ouvrir et de révéler son larcin avec un sourire. L’œil de verre et d'acier semblait regarder au travers de la squelette.

"Tenez, je doute qu'il aille de paire avec le second mais au moins aurez-vous un visage complet."

"Au fait, nous ne sommes pas présentés. Ickaboth P. Druitt, technicien en pièges du donjon."

[Cassandre]

Voyant le golem éxécuter un mouvement de recule, elle retira sa main et se redressa. Perplexe, elle avisait le technicien, se demandant si son mouvement était dû à sa question ou au mouvement de sa main.. ce qui était absurde, vu le peu de gêne du technicien et la curiosité dont il faisait preuve. 
Il aurait donc pu comprendre la réciprocité du sentiment. 




Elle allait approcher son poing pour cogner sur son front,( ce geste inutile qui n'arrive jamais à faire marcher quoi que ce soit, d'ailleurs. Mais bon, peut-être cela aurait-il marché pour une fois. ) mais se ravisa en remarquant le soudain sourire désincarné d'Ickaboth. 




Elle baissa les yeux en entendant le bruit métallique et fit un petit bond en arrière en armant le bras en voyant la lame fendre l'air devant elle. C'est alors qu'elle vit le mouvement étrange du golem... était-il vraiment en train de se mutiler ? était-ce par ... solidarité ? Non, c'était stupide.




Elle suivait ses mouvements du regard en baissant lentement le bras et en reprenant sa place initiale. Enfin, Ickaboth prit le fruit de son effort dans son poing, et le tendit en direction de Cassandre, et c'est d'ailleurs là qu'elle comprit les intentions du golem.

"Tenez, je doute qu'il aille de paire avec le second mais au moins aurez-vous un visage complet."


D'un geste délicat, elle saisit lentement le cadeau du bout de ses doigts squelettiques, et le fit rouler au milieu de sa paume. 

"Au fait, nous ne sommes pas présentés. Ickaboth P. Druitt, technicien en pièges du donjon."


Elle ne répondit pas, et se contenta de lever la tête, après avoir examiné l'oeil qu'elle s'est vue offert. 
Elle marqua à son tour un temps d'arrêt, gardant à peu près le même temps de mort cérébral que le golem, plus tôt.




Et à son tour, presque dans une imitation, la dame d'os porta sa main à son visage, d'un geste rapide, pour saisir la mandibule de son crâne, et tirer sèchement celle-ci vers le bas, déboîtant celle-ci du reste du crâne, sans la détacher, laissant donc son menton pendre dans le vide. De son autre main, qui portait l'oeil, elle glissa sa main à l'intérieur de son crâne, par le dessous, la mâchoire maintenant disloquée, cela laissait toute la place à la manipulation. Elle enfonça son nouvel oeil dans l'orbite vide, en penchant la tête vers l'avant, empêchant donc le cadeau de rouler hors du crâne.




Cassandre ressorti la main de l'intérieur de son crâne, pour après, du bout de ses doigts, gratter une partie de son front, récupérant la poudre dos. Elle ferma le poing, puis glissa derechef celui-ci dans sa tête. Après quelques manipulations, elle finit par durcir la poudre d'os derrière sa nouvelle mirette et coupler celle-ci à ses propres os pour faire tenir le présent d'Ickaboth à sa place. Le sac d'os, au final, remit en place sa mâchoire, d'un geste sec, accompagné de bruits morbides. 




Elle ouvrit puis ferma la bouche, vérifiant la solidité de ses maxillaires, replaça ses mains le long de son corps, pour enfin dire :

"Cassandra Selene de Synodem, enchantée. "



Elle éleva légèrement le dos de sa main en direction d'Ickaboth.

[Ickaboth]

Le golem avisa la main osseuse lui étant présentée. Il ne pu s'empêcher d'émettre un léger rire face à cette situation. De retour à un sourire silencieux, son œil unique se plongea dans le regard sans vie lui faisant face avec dédain.

"Je crains que vous n'ayez oublié l'étiquette Dame de Synodem. Le lieu n'est pas convenable pour un baisemain, c'est à l'homme que reviens l'initiative de l'hommage et nous venons à peine de nous rencontrer. Pour toutes ces raisons, je ne puis procéder à ce que vous suggérez. Et je refuse de pratiquer une telle parodie par principe."

Aussitôt il se désintéressa de l'épouvantail et porta la lanière de son sac à son épaule.

"Je vous suggère de désormais vous référer à la liste des zones piégées au panneau d'affichage des résidences. Elle n'avait pas été mise à jour depuis longtemps mais ce temps est révolu. Désormais cette liste va grandir et ne comptera pas que cet étage à l'avenir."

Ickaboth allait s'éloigner pour poursuivre son tour d'inspection mais il marqua rapidement un arrêt.
"Dites-moi, vers où vous rendiez-vous pour passez par ce chemin si peu utilisé ?"

[Cassandre]

Elle baissa ses yeux artificiels sur sa main tendue, perplexe, puis joignit celle-ci à l'autre et releva légèrement le menton pour faire face à Ickaboth.


"De fait, j'ai dû oublier comment cela se faisait. "

"Je vous suggère de désormais vous référer à la liste des zones piégées au panneau d'affichage des résidences. Elle n'avait pas été mise à jour depuis longtemps mais, ce temps est révolu. Désormais cette liste va grandir et ne comptera pas que cet étage à l'avenir."

Elle allait elle-même s'engager dans le reste du couloir quand le golem marqua un brusque arrêt.


"Dites-moi, vers où vous rendiez-vous pour passer par ce chemin si peu utilisé ?"

Elle inclina légèrement le chef sur le côté, d'un mouvement sec et mécanique. Elle moulina légèrement l'air de la main, laissant résonner de légers cliquetis et un ou deux claquements sourds dans la pièce.


"Je me rendais à la Bibliothèque. Elle est juste au fond de ce couloir, je suis celle qui s'en occupe. Du moins, quand je suis disponible. Le reste du temps, je suis au fond d'une fausse à pic. " Elle émit un léger sifflement amusé entre ses dents.

Elle porta par la suite un regard au-dessus de son épaule, puis poussa un léger soupir du nez.

"... Mais j'imagine que j'emprunterais les couloirs plus fréquentés à présent. "

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