Nouveau lieu, nouveaux visages [PV Aquatic]

[Invité]

Loane était dans une eau un peu froide, dans une sorte de sinistre forêt avec de la brume et des bruits étranges... Rien de bien inquiétant n'est-ce pas ? Environ une heure plus tôt, ses parents adoptifs étaient venus avec elle pour un dernier au revoir, avec de longues embrassades et quelques larmes. Dire qu'elle n'allait plus les revoir avant un long moment, peut être même plusieurs années, le temps de devenir plus forte... et moins trouillarde. Sa mère elfique l'avais prise dans un long et tendre câlin, qui avait bien dû durer une bonne grosse demi-heure, avant qu'ils ne finissent par s'éloigner en lui souhaitant bonne chance. Loane avait jurée de leur écrire des lettres aussi souvent que possible, puis elle s'était retrouvée seule, dans ces bois lugubres...

La petite sirène avait nagée quelques minutes, avant de se retrouver face à une structure complexe faite de pierre, quelques dizaines de mètres sur la terre ferme. Sous la surface du lac, on pouvais voir l'entrée d'une grotte obscure qui partait dans cette même direction. La peur au ventre, elle s'enfonça dans l'eau glacée, avant d'entrer dans cette grotte submergée. Elle ne se rendit même pas compte qu'une autre créature l'observait dans les ténèbres. Du moins, jusqu'à ce qu'elle sente quelque chose la frôler. Poussant un cris mêlant peur et surprise, elle se retourna vivement avec une sorte de courent compacte dans sa main droite. Sous l'eau, son Aqua Sphère ressemblait plus à une boulle de courent marins qu'autre chose... Bien qu'elle ne voyait pas ce qui avait effleuré sa peau, elle lâcha timidement...

- Q-Q-Qui est l-là ? M-M-Montrez v-vous...

[Umbriel Celeboer]

Le grand voyageur qu'était Umbriel avait visité maints océans, mers, fleuves et grottes submergées au travers de ce monde. Aussi, il avait traversé les eaux les plus chaudes et les plus froides indifféremment, la force de l'habitude venant vite s'ajouter à la protection offerte par son mucus. Aussi, encore au Donjon, il s'aventurait jusqu'aux portes du Sub zero ou de l'Incinérateur, ou même dans les eaux sombres et glacées des cavernes sylvaines.
C'était d'ailleurs dans l'une de ses grottes qu'il avait choisir de se mettre en sanwe-latya, sorte de méditation où il percevait les esprits de tous autour de lui sans pour autant chercher à en toucher un en particulier et encore moins échanger avec lui. Il était donc là depuis plusieurs heures, dans la pénombre, tous les sens éteints si ce n'est celui de l'harmonie avec la Création, sa longue queue s'agitant faiblement, incontrôlée, au gré des courants, lorsqu'il sentit une présence singulière s'approcher. Il tenta de maintenir au mieux sa méditation, mais, tel un papillon hypnotisé par la flamme, son esprit vint s'approcher doucement de cette présence sans pour autant venir à son contact. La simple forme de cet esprit lui était familière. Il ne lui fallut guère longtemps pour y reconnaitre celui d'un lindar, sa race, ou plus précisément d'une sirène. Mais cette familiarité allait plus loin encore. Lorsque, l'inconnue se rapprochant encore, elle frôla la queue du triton, l'image d'un vert profond éblouit Umbriel au fond de lui même. Ce simple contact, tel la madeleine de Proust, ramena en lui un souvenir depuis trop longtemps oublié.

- Q-Q-Qui est l-là ? M-M-Montrez v-vous...

La voix timide et cristalline qu'il entendit acheva de faire revenir à lui le souvenir d'une sirène aux yeux d'émeraude dont il avait depuis des décennies perdu toute trace. Il se revit, quelques 30 années auparavant, chantant avec les siens dans le hall de cristal, joyau d'Aqualondë, sa citée natale, alors que le précédent lhimlug vivait encore pour lui enseigner ces mélodies divines. Doucement, son écholocation vint lui donner une image nette des contours de la femme-poisson: sans doute possible, c'était elle, sa silhouette, même amaigrie, était gravée dans ses souvenirs. Lentement, il ouvrit la bouche, prononçant à mi-voix le nom de celle qui fût autrefois son amie, en revenant à peine:

- Katell ! Est-ce bien toi ?

Bien évidemment, il ne s'agissait pas de ladite sirène mais bien de sa fille, Loane. Mais celà, Umbriel ne pouvait le savoir, ignorant tout de ce qu'il était advenu de sa défunte amie et de son époux, ignorant même de la naissance de leur fille. Mère et fille avaient sensible la même silhouette et la même signature mentale, aussi la confusion était-elle facile dans la pénombre, l'écholocation qui servait de 6e sens au triton ne permettant en aucun cas de restituer la couleur des cheveux de Loane, différente de ceux de feu sa mère.

[Invité]

Toujours sur le qui-vive, Loane resta attentive au moindre petit bruit, attendant une réponse qui tardait manifestement à arriver en tremblant sur place. La jeune sirène n'avais jamais été une aventurière et avait peur de l'inconnu. Aussi sursauta t-elle à nouveau en entendant une voix lente émerger de l'obscurité. Une voix masculine.

- Katell ! Est-ce bien toi ?

A priori, il devait s'agir d'un autre être aquatique doué de parole. Avec un peu de chance, ce devait être un triton, soit un mâle de sa race. D'un certain coté, elle se sentirait mieux, car n'ayant jamais rencontrer un membre de son espèce depuis sa naissance. Même sa mère, elle ne l'avait jamais connue. Mais la façon d'ont il l'avait appelé l'interloquais... Comment pouvait-il la confondre avec une autre, alors qu'il ne la voyait même pas ? Etait-ce seulement au timbre de sa voix ?

- N-N-Non.... Je... Je ne c-connais aucune K-K-Katel... V-Vous êtes q-q-q-quoi ? Qui ?

Malgré tout, Loane était toujours terrorisée. Ça pouvait autant être un triton qu'un humain en scaphandre ou un monstre marin.

- At-t-tention... Si v-v-vous répondez p-pas, j'envois ma... ma... heu...

La sirène venait en effet de se rendre compte que son attaque magique n'aurait sans doute pas le moindre effet dans un environnement complétement aquatique... Au mieux pouvait-elle le plaquer légèrement contre la parois durant quelques secondes, mais sans faire le moindre dégâts.

- Oubliez... Je... Je me n-n-nome Loane... Et je suis p-p-pas très courageuse...

[Umbriel Celeboer]

Aussitôt ses mots prononcés, Umbriel perçut le sursaut de la sirène avant de ressentir l’angoisse qui s'empara rapidement d'elle. Il ne réalisa qu'alors combien, dans l'obscurité, son intervention avait pu être des plus déroutantes. Mais plus que tout, cette réaction lui confirma avant qu'elle ne vienne le dire d'elle même que la créature n'était pas celle qu'il eu cru, et ce faux-espoir laissa une fois de plus la mélancolie envahir son coeur.

- N-N-Non.... Je... Je ne c-connais aucune K-K-Katel... V-Vous êtes q-q-q-quoi ? Qui ?

Le jeune sirène semblait de plus en plus paniquée, allant même jusqu'à préparer sa magie pour lutter contre lui. Il était évident pour le gardien qu'elle était incapable ni de voir dans l'obscurité, ni de percevoir les formes comme il le faisait par écholocation, ni même, c'était flagrant, de percevoir les esprits alentours. Et cette cécité forcée semblait provoquer en elle une peur raisonnable, lorsque que l'on sait tout ce que les plus impurs humains pouvaient faire subir à ceux de leur race, et tout particulièrement à ces précieux joyaux qu'étaient les sirènes.

- Oubliez... Je... Je me n-n-nome Loane... Et je suis p-p-pas très courageuse...

Ces derniers mots mirent fin aux pensées du triton, le ramenant enfin à la réalité de cette rencontre. Le courage naïf dont faisait preuve l'aquatique créature le toucha et aiguillonna son honneur, lui rappelant qu'il était la cause de ses peurs et ne s'était pas présenté, oubliant de ce fait la plus élémentaire des politesses. Dégainant avec calme sa fine épée, il la laissa contre son flanc alors qu'enfin il s'introduisait auprès d'elle.

- Veuillez excusez mon impolitesse, demoiselle, j'avais omis l'obstacle qu'était l'obscurité à la plupart des espèces de ce plan et des autres. Ainsi, je suis, tout comme vous ce me semble, un lindar. Je me nomme Umbriel Hlocendur, originaire d'Aqualondë la rayonnante, augure des mers et actuel porteur du titre de lhimlug. Mais permettez, avant que nous n'allions plus avant de ces présentations, que je fasse la lumière sur notre rencontre.

Ce disant, il leva son épée et dessina de sa lame un cercle dans l'eau, tout en psalmodiant à mi-voix.

Tuliltar sís,
Hlocó luinó,
Lye vëo.
Sí, Pyrocystis !

Alors que, pour ponctuer le dernier terme de l'invocation, il plantait vigoureusement l'épée sacrée au centre du cercle, dans l'eau, une brume luminescente commença à sa former. C'était là en vérité une quantité à peine croyable de minuscules créatures, que les savants des océans nommaient plancton, chacune capables d'émettre une infime lumière d'un bleu intense, qui se laissaient porter par les courants, se dispersant dans le boyau immergé. A mesure que le phytoplancton diffusait aux alentours, la zone se montrait plus lumineuse, si bien qu'au terme d'un instant de silence, les deux êtres aquatiques pouvaient aisément se distinguer sans avoir recours à d'autres artifices que leurs yeux.
Entre temps, l'épée d'Umbriel avait regagné son fourreau d'algues, ne se montrant plus menaçante, tandis que celui-ci croisait ses avant-bras au milieu de sa poitrine afin de montrer qu'il était dépourvu d'intention belliqueuses. Et lorsque la lumière fut parfaitement suffisante et que ses yeux s'ouvrirent sur Loane, son esprit ne put s'empêcher, une fois de plus, de revenir des loär dans le passé.

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