Cueillette d'information imprévue [Skedar][Abandonné]

[Ophyde]

Mon expédition à la bibliothèque m'avait bien aidé sur l'avancé de cette potion qui promettait d'être une mine d'or. Oh, je n'avais pas trouvé de recette pour une potion pouvant modifier l'âge physique d'un non vivant. En même temps si la potion avait été retranscrite dans un livre à la vue et au su de tous, la mort-vivante ne serait jamais venue à moi désespérée. Mais bidouillant avec les diverses recettes de transformation et mes propres connaissances je m'étais retrouvé avec plusieurs possibilités aux ingrédients plus rares les uns que les autres... Bien sûr il ne pouvait pas avoir de la simple mandragore! Nooon, pourquoi utiliser des plantes que tout le monde aimait avoir comme animal de compagnie? Bon, heureusement il y avait quelques simples qu'on pouvait acheté dans ce donjon coupé du monde... Faut dire que partager de temps en temps la couche de Crocs Noirs aidait beaucoup, mais ça n'offrait pas tout.

Ainsi m'étais-je retrouvée à devoir sortir du donjon pour affronter le froid des monts. Oui, j'avais plus peur de la température que des humains qui risquaient de croiser ma route. En même temps pour braver le froid je me retrouvais obligé de me couvrir. Donc autant prendre assez de vêtement pour me grimer en humaine et moins risquer d’être tuer à vu par des humains.
Pour éviter qu'un bout d'écaille ne se voit et que mes déplacement ne soient trop rampant j'avais dû prendre l'habitude de me déplacer le plus dressé possible tout en simulant une marche de bipède. Une fois assurée de pouvoir tenir cette position désagréable toute une journée et ce sans vouloir arracher ses habits qui m'étouffaient, je partis en expédition plus longue mais plus agréable que la bibliothèque.

Je pris mon temps, à la fois pour ne pas perdre de vu les montagnes qui se profilaient devant moi. Mais surtout pour profiter d'être en dehors de l'enceinte protectrice qui devenait étouffante. Ainsi, après quelques jours de voyages sans suivre les chemins qui n'étaient là que pour me perdre, j'atteignis enfin le premier col.
L'air pur et le vent mordant faisaient miroiter les petites taches de couleur entre les plaques de neige. Tout en frissonnant je remis comme il faut la fourrure sur mes épaules sans perdre le sac empli de fleurs fanées de mon dos. Un bruit sourd digne d'une charge de chevaliers démons me fit tourner la tête en une autre direction que les flans de la montagne. Un nuage noir de colère s'approchait, laissant des marques de brûles aux piques qu'il croisait. Pour la première fois du voyage je me mis à avancer plus vite que prévu, cherchant désespérément un abris. Les premières gouttes firent leur apparitions en résonnant sur mon crâne quand je vis un semblant de grotte... Enfin une tâche noire prise entre des rochers. La peur de n'avoir vu qu'une illusion s'effaça qu'en j'aperçus de vieilles traces de sabot aller vers le futur refuge. Des herbivores des montagnes avaient dû utiliser cette grotte contre un quelconque intempérie. D’un coup, le ciel déjà bien sombre s'illumina derrière moi. Soulevant mes jupons pour ramper plus près du sol et plus vite je fuis jusqu'à l'entrée de la grotte.

Une fois le souffle repris et la peur passée je fit enfin attention à ce qui m'entourait. La grotte s'enfonçait sous la montagne en deux directions... J'aurais préféré un simple abri qui ne pouvait rien cacher en son antre, mais peu importe. Au moins avais-je la place pour étendre mes habits humides, ainsi que mes récoltes pour éviter qu'elles ne pourrissent.

Assise contre sur ma queue, les écailles cachées par ma jupe noire je regardai hypnotisée la pluie tomber. Les attaques du ciel sur la terre étaient parties laissant à l’eau le soin de calmer les plaies. Une onde régulière de pas provenant du fond de la grotte fit vibrer mes écailles, je n'étais pas seule.

[Invité]

Le refuge de Skedar avait été momentanément prit par une autre créature... Ce dernier, reclus au fond de cette caverne mettait les derniers préparatifs à son repas du soir. Remuant fermement une cuillère en bois dans une marmite au dessus d'un feu, il veilla à ce que ses champignons ne cuisent pas trop vite dans l'eau chaude avant d'y ajouter les morceaux d'une poule qu'il avait capturé la veille. Une bonne poule au pot pour débuter la journée. L'orage au dessus de la roche lui rappelait que la météo était traître au Kimon. Il pouvait faire grand soleil mai les vents forts ramenaient vite une intempérie ou deux. Terminant de touiller et laissant sa soupe mijoter, il se décida à mettre des fûts dehors pour récolter de l'eau de pluie. Prenant une petite torche, il remonta la galerie jusqu'à l'entrée avant de voir une... une lamia ? Oui, même grimée il pouvait reconnaître cette race avec une aisance particulière. Haussant un sourcil, il reconnu l'une des habitantes du donjon.

"Tient, je te reconnais. Tu es... hmmm... la lamia qui fait des potions à la Tour Kanabo, n'est-ce pas ?"

Dans l'autre main il tenait un large tonneau de bois, usant de sa force monstrueuse pour le transporter. Malgré le fait qu'il était jugé à tord pour une demi-portion, il s'approcha de la lamia et déposa le tonneau sous la pluie de dehors, le laissant ainsi se remplir d'eau aisément. Skedar s'approcha ensuite d'Ophyde avant de voir qu'elle avait les vêtements humide. Le froid sur les reptiles les rendait amorphes et fatigués. Il n'allait pas la laisser ainsi.

"Viens... J'ai fait un feu et de la soupe chaude. Tu pourras attendre la fin de la tempête."

Skedar se retourna et prit la direction de son foyer. Une grosse tenture noire fermait l'entrée des courants d'air. A l'intérieur, il faisait chaud. Un feu central avec une petite ouverture dans la roche guidant la fumée dehors était le chauffage de l'endroit. Une couche standard et une petite table avec deux tabourets faisaient office de mobilier. L'ancien gardien de la porte vivait chichement, mais vivait libre, loin de la tour.

"Bienvenue chez moi."

[Ophyde]

Me redressant prête à bondir sur les pas approchant je fus plus que surprise en constatant que c'était un... Un bouc? Qui connaissait le donjon? Qui me connaissait?! Il sortait d'où, c'était un voyant? Il avait une coupelle de voyance? A moins qu'il était au donjon à mon arrivé et qu'il avait toujours des contactes dans la tour.... Bon cette option était plus réaliste, mais la moins intéressante, j'optait pour une coupelle de voyance. En le voyant déposer son tonneau sous l'eau j'en déduis qu'il devait habiter dans une partie de la grotte. Ma supposition se révéla vraie quand le bélier me proposa de le rejoindre près d'un feu avec de la nourriture plus consistante que la dernière racine que j'avais mâchouillé toute la journée. Quand on était à court de nourriture on faisait tout pour le faire durer... La joie de pouvoir sécher mes habits et surtout avoir un brin de conversation resplendit sur mon visage.

"Je ne vais pas refuser une si belle proposition!"

Le sourire au lèvres je récupérais les habits étendus sur la roche froide. Je remis le résultat de mes cueillettes dans le gros sac de cuir qui retomba sur mon dos et suivit sans cacher ma queue le mi-homme mi-bête. La grotte aménagée était rustique mais pas moins chaleureuse. Je m'approchai immédiatement du feu en tendant les mains au dessus pour me réchauffer. Qu'il faisait bon! Trop de questions s'entre choquaient dans mon esprit. Tout en me retournant vers mon hôte je lui posai les premières qui vinrent.

"Comment fais-tu pour ne pas avoir été repéré par les humains jusqu'à maintenant? Parce que si j'ai trouvé la grotte d'autres on dû la repérer, non? Comment me connais-tu? Tu as vécut au donjon? Je ne t'y es jamais croisé... Bon il faut dire qu'il est grand, qu'on s'y perd facilement et que j'ai du mal à retenir la tête des simples personnes que j'ai croisé..."

Je plissais les yeux avec une moue de réflexion, à vrai dire sa tête me disait quelque chose mais impossible de mettre la main dessus. Un gargouillis sorti de mes entrailles se fit entendre alors que l'odeur de la soupe se faisait trop présente. Au point où j'en étais je n'aurais même pas craché sur de la salade!

"...Tu avais parlé de soupe tout à l'heure?"

[Invité]

Skedar marchait calmement dans son logis, ses sabots tapant solidement la sol à chacun de ses pas. Lui qui avait connu la vie en tant qu'être humain jusqu'à ses 33 ans, il était devenu le beastman qu'il était actuellement, ramené à sa jeunesse d'antan. Oh, redevenir une demi-portion quand on a connu la force de l'âge n'est pas forcément la meilleure des choses, mais c'est son ex-femme lamia et magicienne qui lui avait fait ça. Il se maudissait lui-même d'avoir repensé à la douceur des écailles de cette lamia qui le serrait avec affection dans sa queue et lui faisait de tendre accolades. Cela faisait bien longtemps que Skedar avait renié ses origines humaines et même son passé. A peine fut-il entré que la lamia l'accompagnant se mit au coin du feu pour se sécher et se réchauffer. Puis ce fut le débit de mitraillette. Le beast était fusillé de questions sans sommation. Silencieux devant une telle vague interrogative, il se contenta de prendre une grosse coupole en métal, la remplissant allègrement et avant qu'elle ne termine sa question sur la soupe, il tendit simplement cette dernière sous son nez.

"Si, voila de la soupe, régale-toi."

C'est sans attendre qu'il lui tendit en même temps une cuillère un peu rustique mais solide pour manger. Skedar esquivait ainsi toutes les questions avant de s'asseoir tranquillement sur la tabouret devant le feu, regardant la visiteuse manger calmement. Skedar se gratta derrière la tête avant de se redresser calmement, s'étendant un instant avant de mettre enfin à parler.

"Nous nous sommes croisés. Je m'appelle Skedar et j'ai été pendant plus d'un siècle le gardien de la porte du Donjon Kanabo. Suite à une énième rupture amoureuse, j'ai eu l'impression que mon coeur était vide, que je ne savais plus quoi faire de mon existence. Je suis partit du donjon et me suis installé ici, dans le Kimon. Cette grotte était inoccupée et, fort heureusement, je ne croise presque aucun voyageur. Les rares qui sont entrés ont été assez traumatisés pour ne plus revenir. La nuit je dresse une barrière d'ombre et personne ne peut trouver l'entrée. Tu es donc à l'abris, ne t'en fais pas."

[Ophyde]

Mes narines frémirent et mes yeux brillèrent de joie, un repas chaud! Bon ce n'était pas de la viande, mais rien ne valait un repas chaud et quelque peu consistant! Prenant la coupelle avec un plaisir non contenu je m'apprêtais à boire à même le contenant quand une cuillère en bois apparue devant moi. Il avait beau vivre isolé dans la montagne il savait comment recevoir! La queue redresser de façon à pouvoir m'assoir dessus je fixai mon hôte sans pour autant m'arrêter de manger. Ma main prenait mécaniquement du potage pour l'apporter à ma bouche qui l'engloutissait rapidement. Le liquide filait tout aussi rapidement pour réchauffer mon corps alors que la main continuait son manège et ce sans perdre une goutte entre le récipient et la bouche.

Tout en l'écoutant parler je me demandait de quel animal il avait prit, bouc, bélier, ou animal de montagne? Peut importe, de toute façon maintenant je connaissait son nom et même plus puisqu'il m'expliqua la raison de sa venue ici. Plus d'un siècle à vivre dans ce donjon?! Comme avait-il fait pour tenir autant? Je penchai la tête, comment une rupture amoureuse avait-elle pu provoquer chez ce mâle une envie de vie d'ermite? La coupelle était vide, je pouvais enfin parler.

"Merci de m'accueillir ici Skedar, et pardonne moi si j'ai oublié ton nom alors que nous avons déjà conversé ensemble. Mon esprit à tendance à supprimer des souvenirs à mon insu... Je ne savais pas qu'on pouvait vivre aussi longtemps, surtout vivre pour garder la porte d'un donjon étouffant. Je ne devrais peut être pas dire ça à quelqu'un qui a vécut aussi longtemps entre ces murs, quoi que d'un côté tu dois savoir de quoi je parle. Non?... Pleins de personnes, toujours tout le temps. Et tout le monde qui vous juge parce qu'on se promène sans habits.... Je n'ai jamais rester fixer dans un endroit avec beaucoup de personnes, mais là il y a quelque chose en plus qui me gêne. Enfin, c'est endroit sûr c'est un gros avantage qu'on ne peut pas lui cacher"

Ma queue s'enleva de sa position de chaise improvisée pour que je puisse aller déposer l'écuelle et la cuillère dans ce qui semblait être une bassine pour laver toute sorte de chose.

[Invité]

Comme d'ordinaire, Skedar écoutait ce qu'avait à dire la lamia. Visiblement le donjon n'était pas sa priorité... Et encore moins ce qu'elle pouvait appeler un "chez elle". Vivre entre ces murs semblait être éprouvant pour elle à cause de la population qu'il y avait et de sa densité. Certes, il y avait énormément de monde maintenant mais Skedar y était habitué. Il vivait seul depuis peu et savait ce qui était le plus important ici : se cacher et survivre. On apprenait beaucoup au bout d'un siècle sous forme de monstre. Mais ce qu'Ophyde ne comprenait pas forcément c'est qu'il y avait que le donjon qui avait de l'importance... c'est que Skedar avait été autrefois un homme, un humain, dans la force de l'âge. Ca, sûrement qu'Ophyde ne le comprenait pas forcément.

"Je comprend ton point de vue. Je fus autrefois un être humain. Cela remonte à si longtemps qu'il m'est impossible de bien m'en rappeler. C'est en tant qu'humain que je suis tombé amoureux d'une belle et élégante lamia. C'est elle qui fit de moi le beast que tu as devant toi. Hélas, les humains nous ont attaqué un jour et... j'ai été séparé d'elle... pour toujours."

Il prit une inspiration, désabusé et aigris avant d'aller à son tour à la bassine, déposant la vaisselle sale. Skedar resta un moment muet à regarder ses pattes qui avaient remplacés ses mains depuis bien longtemps. Il se tourna de nouveau vers son invitée, ne voulant pas la laisser dans le silence pesant qu'il vivait quotidiennement.

"J'ai prit le rôle de gardien de la porte afin que tout les monstres du donjon puissent vivre une vie amoureuse et ne soit plus séparés. Ca a été ma seule fonction pendant cent ans... Puis quand le goût à ça m'est passé, quand je me suis levé une énième fois, seul, je me suis rendu compte qu'une flamme s'était éteinte en moi. J'était comme mort..."

Skedar n'avait plus eut la force à rien. Incapable d'en finir car il restait un mince espoir qu'il ne retrouve pas Hebi dans l'au delà... et incapable de vivre car malheureux, terriblement malheureux. Ca se voyait à ses yeux fatigués, à l'absence de motivation dans ses gestes. Skedar était comme une machine en ce moment, sans âme. Il devait avoir avalé une gigantesque frustration de ne plus vieillir et donc de retarder inévitablement sa rencontre dans l'au-delà avec Hebi.

"Voila pourquoi je me jetait dans les combats je crois... J'en appelais à la mort... Mais elle n'est jamais venue."

[Ophyde]

Retournant devant le feu, mes yeux hypnotisés par la danse des flammes, j'écoutais la réponse de Skedar. Si je comprenais bien ses paroles ce n'étais pas tout à fais une rupture amoureuse qui l'avait mené dans ses montagnes, puisque la mort de ce qui semblait avoir été son seul et unique amour l'avait mené à protéger le donjon. Enfin de compte il avait du chercher l'amour chez d'autres mais son cœur appartenait toujours à une morte. Appartenir à un mort ne vous rend pas des plus vivant... Rien de bien joyeux en somme. Un être qui n'avait plus goût à la vie mais qui se refusait de mourir, un fantôme. Rien de bien intéressant pour moi. Sauf peut être... Oui, après réflexion... Il n'avait pas parlé d'une lamia? Bon ce n'était pas ma priorité du moment. Mais après tout je n'étais pas contre un peu plus de connaissance sur mon espèce qui m'était inconnue. Puis s'il fallait que je passe le reste de la journée, voir de la nuit si le nuage restait accroché au pic, en sa compagnie autant aborder un sujet qui m'intéresse.

"Tu as donc connu une lamia? Je sais que nous sommes assez peu nombreuses comparé à d'autres espèces, et que celles qui vivent encore en communauté vivent dans des lieux reclus inaccessible... Enfin c'était le cas pour celles vivant sur le continent d'où je viens, je n'en ai donc jamais croisé. Les premières que j'ai pu voir étaient dans le donjon mais jamais l'occasion ne c'est présenté pour que je leur parle... Bref, j'en sais assez peu sur les êtres de mon espèce. Mis à part mon espèce, j'ai par fois l'impression de plus être humaine que lamia...Et..."

Honteuse, je posai ma main droite sur mon bras gauche pour ressentir la présence rassurante du bracelet. N'osant retirer mon regard des flammes de peur de croiser celui du bouc qui risquait de me juger. C'était la première fois que je révélais une part de moi que je préférais cacher à quelqu'un. Que je parlais de mon passé bien que vaguement. Ce goût amer de honte me rappela pourquoi je n'en avais encore jamais parlé à personne. Bref, j'hésitai à continuer. Pour une fois ma curiosité était la moins forte... Oh et puis zut! J'avais déjà fais le plus dur, pourquoi arrêter en si bon chemin!

"...Et si tu as connu une lamia peut être que... Que tu en connais plus sur notre espèce que moi. Enfin, peut être t'a-t-elle parlé de sa vie avec les siens, s'ils avaient des mœurs et coutumes particulières... Même si elles doivent être différentes de la communauté d'où je suis sensé venir... Je..., je relevais enfin le visage vers mon hôte, même si tu ne sais pas grand chose, en échange je peux essayer de retrouver l'esprit de ton amour pour que tu puisses lui parler un instant. Je ne te promet pas d'y arriver et il faudra le faire au donjon dans mon logement, où il y a de quoi aller plus loin. Mais je pourrais essayer, que tu puisses lui dire adieux pour que tu puisses enfin vivre dans le présent et non regretter le passer."

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